Chaque matin je vais dans mon jardin pour y voir éclore les fleurs, différentes à chaque saison. Chaque matin je découvre une nouvelle fleur : une fois la rose, une fois la primevère, une autre fois le lys ou la violette. Chacune de ces fleurs a son rôle, a son importance. La plus grande et la plus majestueuse comme le lys ou la plus petite comme la violette. Chacune de ces fleurs a ses caractéristiques qui lui sont spécifiques : sa couleur, sa forme, son parfum, pour participer à cette symphonie de l’Amour et de la Vie. Chaque fleur aussi est là pour donner du fruit, avec comme intermédiaire l’insecte ou l’abeille qui va également s’en nourrir.

Et pour la prière c’est un peu comparable. Il y a des prières qui sont faites par des personnes qui connaissent les plus belles fleurs comme le lys – qui exhalent les plus grands parfums - mais aussi des prières qui sont faites par ceux qui n’ont qu’une petite fleur, toute petite, toute perdue, toute cachée, comme la violette – qui exhale elle aussi son parfum discret mais prenant.

Et bien la prière, et les prières en général, c’est un peu comme un bouquet que l’on va cueillir dans le jardin avec les plus grandes et des plus belles fleurs ou les plus petites. C’est un bouquet où chaque fleur a son importance dans le jardin du Seigneur et qui composent toutes réunies une grande louange à Dieu. Aussi bien les plus grandes et les plus belles fleurs, comme le lys qui éclot en plein soleil. Il connaît le soleil tout le jour, un peu comme la personne qui connaît Dieu, qui parle à Dieu dans ses prières, qui voit Dieu dans ses prières.

Tandis que les plus petites fleurs qui ne voient pas le soleil du jour, parce qu’elles sont dans la pénombre, dans le sous-bois, comme la violette, bénéficient quand même de sa lumière. A l’image de ceux qui - sans connaître Dieu - se tournent vers la lumière, et y mettent leur espérance. Cette violette, fleur de l’ombre, peut quand même participer à cet hymne de l’Amour et de la Vie, avec son parfum modeste mais néanmoins prenant. Un peu à l’image des anges, les abeilles - à tire d’ailes - viennent récolter tous les sucs des plantes attirées par le parfum de chacune et vont en faire leur miel. Ce miel qui est l’addition de toutes ces fleurs (créées par Dieu) est comme une offrande à Dieu le Créateur. Que l’on sache que nous sommes créés par Dieu ou que l’on ne connaisse pas Dieu. Même si Dieu nous est voilé comme le soleil par un temps gris avec plein de nuages. Comme pour les fleurs.

Chaque fleur s’oriente vers la lumière : ou la lumière brillante du soleil dans un ciel bleu éclatant ou la lumière cachée par les nuages ou le sous-bois. Dans un cas on connaît Dieu, on se tourne vers Dieu ; ses prières comme celle du lys se tournent vers le soleil, se tournent vers Dieu. Ou alors on ne perçoit que la lumière dont on ne voit par l’origine ; comme pour le soleil caché, par les nuages ou les arbres, à la violette. On ne connaît pas l’origine de cette Lumière, le commencement de toute chose et de toute création, c’est-à-dire Dieu. On appellera cette lumière voilée : la Nature, le Bien, ou l’Amour. Les agnostiques ou même les athées peuvent aussi se tourner vers la lumière, s’ils choisissent le Bien et l’Amour, même s’ils n’ont pas de connaissance de Dieu. Les œuvres elles-mêmes peuvent être une prière. « Je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Matthieu, 25,40). Le fait de se tourner vers la Lumière, de se tourner vers le Bien, de se tourner vers l’Amour participe aussi à ce bouquet de prières qui va vers le Créateur. Qui va vers Dieu, car Dieu est la Lumière, il est la plénitude du Bien, il est l’Amour infini. Chaque jour, dans le jardin de nos vies, nous voyons ainsi les plus belles et les plus grandes fleurs et les plus modestes, chacune par sa couleur, par sa forme, par son parfum peut prendre place dans ce bouquet offert à l’Amour infini, offert à Dieu,

un bouquet de prières et de louanges cueillies dans le jardin du Seigneur.