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Entre Nation et nationalités. C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler. Dans cette partie l'influence sur l'Europe et la guerre de 1870.


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« UNE NATION, UNE LANGUE » ou « UNE LANGUE, UNE NATION » (2epartie)

Entre Nation et nationalités.
C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler. Dans cette partie l'influence sur l'Europe et la guerre de 1870.


Exporté en Europe

Lu dans l’autre sens, ce principe devient expansionniste ou séparatiste. C’est-à-dire que si on parle la même langue on doit créer un État qui corresponde à cette langue, et çà de gré ou de force. De la même façon si plusieurs régions parlent une langue ou un dialecte semblable, ils doivent quitter l’État ou l’Empire dans lequel ils sont, pour rejoindre ou être annexées par l’État d’à côté (encore une fois de gré ou de force). Les XIXe et XXe siècles ont donc été particulièrement influencés par cette doctrine. D’abord lors des révolutions qui ont eu lieu en Europe - notamment 1848 - dans l’Empire autrichien, dans l’ex St-Empire romain-germanique ou en Italie. Elles se faisaient selon ces mêmes principes, les révolutionnaires de l’époque considéraient qu’il y avait là des populations qui parlaient une langue commune, elles devaient se séparer du grand empire, du grand ensemble pour former un État à part.

Première application, réalisée sans trop de heurts, pour les Hongrois. Les revendications des mouvements révolutionnaires à Budapest étaient de constituer un État indépendant pour toutes les populations qui parlaient hongrois (un royaume indépendant avait déjà existé au Moyen-Âge). Pour répondre à ces revendications, l’Empereur d’Autriche est devenu en même temps Roi de Hongrie, avec deux états différents (l’Autriche et la Hongrie), un aigle à deux têtes (selon le nouvel emblème des Habsbourg). Deux États réunis par la même personne, mais avec deux parlements, deux administrations et deux langues. Par contre les autres régions ou les autres peuples formant cet Empire autrichien n’ont pas eu le même privilège.

A signaler – les mêmes causes produisant les mêmes effets- pour l’Italie, ce sont les guerres et occupations de la Révolution française et de l’Empire qui préparèrent - selon le même schéma que l’on va découvrir pour Allemagne - l’unité italienne (avec les éphémères République italienne et Royaume d’Italie (1797-1814). En répandant les idées révolutionnaires avec ce principe des nationalités. En chassant les souverains en place depuis plusieurs siècles, en fusionnant certains des états, transformant d’autres en départements français. Une préparation qui permit au XIXe de réaliser l’unité par la guerre et la révolution, sous l’autorité de la Maison de Savoie (soutenue par de nombreux francs-maçons) – ceci même avant l’unité allemande – et qui fut clôturée par la prise de Rome et des États pontificaux en 1870.

Ainsi nombre de révolutionnaires ont puisé dans ce principe de la Révolution française une force pour déstabiliser les empires, les états et pour les faire éclater.

Début de réalisation : 1870

La guerre de 1870 a été la plus grande des guerres qui allaient illustrer ce principe au XIXe siècle. Le Roi de Prusse et son premier ministre Bismarck ont mis en pratique cette doctrine qui s’était développée tout au long du XIXe. Selon ce même principe « une langue, une Nation », qui pour l’Allemagne a pris le nom de « pangermanisme ». Tous les peuples qui parlent la langue allemande ou un dialecte germanique doivent être fusionnés dans un seul et unique État.

La guerre de 1870 a permis à la Prusse de Bismarck de réaliser ce projet. Après avoir, dans une guerre éclair (Sadowa 1866), éliminé du jeu politique l’Autriche, la Prusse s’est mise à réaliser cette unité basée sur la langue. Les guerres révolutionnaires et de l’Empire avait déjà préparé la situation. L’Allemagne était en 1789 « le Saint empire romain germanique » présidé par l’Empereur de la maison des Habsbourg et Archiduc d’Autriche. Mais cet empire n’était qu’un empire électif. L’Empereur élu par des grands électeurs avait sous son autorité quelque 500 principautés, évêchés, villes libres, etc. Napoléon a conquis ce Saint Empire. L’Autriche s’est retrouvée repliée dans ses possessions autrichiennes et d’Europe de l’Est. Et quant au reste de l’Empire – où l’on parlait une langue germanique – Napoléon l’a regroupé en une quarantaine de petits états qui prenaient souvent du galon. En annexant des principautés ou des évêchés voisins, en se transformant de duché en royaume. Ce fut le cas des royaumes de Bavière, Wurtemberg, Saxe et Westphalie. A condition, bien sûr, de prêter allégeance à Napoléon. Et de lui apporter de l’argent et des hommes pour ses guerres incessantes. Sinon il nommait aussi des membres de sa famille à la tête de ces nouveaux états, voir les annexait à l’Empire français. Donc par la grâce de Napoléon on était passé de plus de 500 petits états, plus ou moins libres, qui composaient ce Saint Empire, à quatre royaumes et une trentaine d’états.

Ce qui permettrait plus facilement le cas échéant de l’unifier. Cette unification - sous son autorité – devint le grand projet de la Prusse. Depuis la guerre de 1866, la Prusse avait mis de côté l’influence de l’Autriche (avec ses nombreuses possessions dans l’Europe centrale et jusqu’en Italie). Après le traité de Vienne (qui organisa l’Europe suite à la tourmente révolutionnaire et napoléonienne) l’Autriche avait récupéré entre autres la Dalmatie, l’essentiel de la République de Venise et la présidence héréditaire de la Confédération Germanique (qui avait succédé au St-Empire par la volonté de Napoléon). Le Roi de Prusse a décidé de mettre sur la touche l’Autriche - un autre État où l’on parlait allemand – qui depuis 5 siècles occupait la première place dans l’ère germanique (en tant qu’Empereur ou Président de la Confédération). Pour se donner les coudées franches et réaliser l’unité allemande à son profit.

En 1870, Bismarck et la Prusse ont mis le marché entre les mains des différents états qui composaient cette Confédération germanique en leur disant si vous ne voulez pas subir le même sort que l’Autriche, il vous faudra vous unir à la Prusse pour que nous puissions former sous l’autorité du roi de Prusse un nouvel Empire. (Le deuxième Reich - le deuxième empire - le premier était le Saint Empire romain-germanique fondé par Charlemagne et le troisième fut celui d’Hitler.) Ce deuxième Reich devait se fonder en 1871 (à Versailles, dans la Galerie des glaces, après l’avancée des troupes prussiennes jusqu’aux portes de Paris) grâce à cette guerre de 1870 qui permit d’unifier – plus ou moins de force - l’ensemble des états allemands sous l’autorité du roi de Prusse. Avec pour premier objectif envahir la France en appliquant la doctrine du pangermanisme. En s’attribuant, comme butin, l’Alsace et la Moselle, régions françaises où on parlait un dialecte germanique. Les Alsaciens-Lorrains furent placés de force dans la corbeille de mariage (forcé lui aussi) des royaumes et des principautés germaniques fusionnant dans un nouvel Empire, dont le Roi de Prusse devenait le nouvel Empereur. Une certaine autonomie fut laissée aux anciens états qui devenaient des régions de ce nouvel Empire. Les Rois, princes et ducs gardant leurs titres honorifiques et certains de leurs privilèges. Jusqu’à la chute de l’Empire en 1918. Ce principe des nationalités - avec « une langue, une Nation »- venait de se réaliser, cette fois-ci, sur le dos de la France, et particulièrement de l’Alsace et de la Lorraine mosellane.


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